Redouté pour ses qualités offensives, précurseur dans l’utilisation du tir en suspension, joueur technique et athlétique, Louis Bertorelle a représenté pendant 20 ans le basket toulousain au plus haut niveau. Retour sur une longue carrière au service de la balle orange, avec ses heures de gloire, mais aussi ses désillusions.
Du haut de ses 1,90 mètres, avec une carrure athlétique, Louis Bertorelle faisait des ravages sur les pelouses des stades de rugby Tarnais.
Jusqu’au jour où un accident, l’oblige à s’orienter vers le basket. Hubert Valentin, joueur à St Juéry, prend le jeune homme de 17 ans sous son aile et lui fait travailler sa technique individuelle.
Suivant les conseils de son mentor, Louis Bertorelle participe à un stage organisé au CREPS dirigé par Robert Busnel, grande figure du basket français. En quinze jours, au contact des meilleurs joueurs de sa génération, il réalise des progrès phénoménaux.
Toujours joueur à St Juéry, il participe avec son club à un tournoi à Toulouse en mai 1951. Il raconte dans la plaquette de son jubilé:
« Puis il y eu le tournoi du 1er mai, avec le RCMT, le TAC, les Écureuils Côtois, Caraman, le TCMS et ST Juéry Olympique où je jouais. Les rencontres se déroulaient sur la place du Capitole et la finale à la Halle aux Grains. Nous voilà en finale contre Caraman et sur la touche il y avait un entraineur, Joé Jaunay. La saison suivante, en accord avec les dirigeants de mon club, je jouais à Caraman et ma carrière de basketteur commençait sérieusement. »
Participant à l’accession de Caraman en Nationale 1 en 1951-1952, il réalise une saison de haute volée d’un point de vue individuel. A raison de quatre heures d’entrainements quotidiens avec Joé Jaunay, l’un des meilleurs techniciens de l’époque, il continue sa fulgurante progression, au point d’être appelé en équipe de France à l’âge de 20 ans. C’est ainsi qu’il étrenne ses premières capes internationales face à la Suisse en 1952.
Pourtant, s’il participe à deux championnats d’Europe, un Championnat du Monde et aux JO de 1960, sa carrière internationale aurait pu être plus prestigieuse, si elle n’avait pas été émaillée de blessures le privant de compétitions: entorse à la cheville à la veille des JO d’Helsinki en 1952, opération d’une exostose au fémur peu avant les JO de Melbourne en 1956, ablation du ménisque du genou gauche en 1958… Pour ne rien arranger, il faillit être privé des JO de Rome en 1960 pour une sombre histoire de faux amateurisme, dont il sorti blanchi.
En effet, après avoir fait les beaux jours de Caraman entre la N1 (plus haut niveau à l’époque) et la N2, il est recruté en 1956 par le CEP Lorient, dans le Morbihan, comme entraineur-joueur. Après une saison en Bretagne où il a été miné par les blessures, il revient à Caraman pour une saison. Il quitte à nouveau le club en 1958 pour rejoindre le RCM Toulouse, accédant à la Nationale 1 alors que le club du Lauragais redescend en Nationale 2. Vexés du départ de leur joueur emblématique pour le voisin toulousain, les dirigeants accusent Louis Bertorelle de professionnalisme.
Il faut rappeler qu’à cette époque l’amateurisme était de rigueur, et la pratique sportive monnayée était extrêmement mal perçue… De fait, la participation de Louis Bertorelle aux JO était compromise, les jeux célébrant l’esprit sportif cher à Coubertin.
Les tenants et aboutissants de l’affaire relatés par Gérard Bosc dans « une histoire du basket français« :
En février 1957, suite à la blessure qui le handicape, il décide de revenir à la JS Caraman pour la saison 1957-1958 en acceptant un dédit de 2500 nouveaux francs. Cet accord avait été passé avec l’abbé Laudrain, député du Morbihan, qui fut accusé de « vente de joueur » et radié à vie par la commission de discipline.
En effet, Bertorelle avait demandé aux dirigeants caramanais de prendre en charge ce dédit et avait reçu de surcroit une certaine somme (on fit émerger 1770 nouveaux francs) pour revenir au pays.
L’affaire avait été éventée par les responsables caramanais dépités de voir partir « Berto » (et d’autres) pour le Racing de Toulouse à la fin de la saison 1958.
Finalement, après plusieurs rebondissements, la peine de l’abbé Laudrain sera réduite à un an de suspension, et Louis Bertorelle pourra réintégrer les bleus, suite au remboursement de la somme de 1770 nouveaux francs… Il terminera son parcours en bleu cette même année, suite aux JO de Rome en 1960, avec au final 63 sélections.
Ci-dessus, un article de 1960 de la Dépêche du Midi (cliquez pour agrandir)
Avec Toulouse, il participera à une quinzaine de saisons, principalement en Nationale 1 (le RCMT descendra en Nationale 2 à deux occasions avant de remonter chaque fois la saison suivante), avant la mise en sommeil du club en 1973. Il finira sa carrière avec 3060 points marqués en Nationale 1, dynamitant les défenses avec son tir en suspension encore peu répandu à l’époque.
Parmi les faits marquants du RCMT dans cette période, on peut noter la demi-finale du championnat de France en 1962, perdue face à Bagnolet, et la participation à la finale de la Coupe de France cette même année.
Cette finale se joua à Rennes face au Paris UC, amené par l’international Roger Antoine, mais aussi André Souvré (fondateur du club de Tournefeuille et papa de Yannick Souvré). Louis Bertorelle est quant à lui accompagné par ses deux jeunes frères Georges et Louis, ainsi que le scoreur Michel Pfendt (28 points en finale). Le PUC, trop fort, s’imposera 65 à 57.
Après sa carrière de joueur, il accompagnera encore la destinée du basket toulousain, dans un rôle d’entraineur, en s’occupant de jeunes. Son nom résonnera encore au milieu des années 90 lorsque son neveu Cédric rejoindra les Spacer’s de Toulouse et participera à l’accession en ProA.
Décédé en 2012, Louis Bertorelle aura laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du basket toulousain, mais aussi national en étant élu académicien du basket français en 2008.
Académicien du basket français, promotion 2008 :