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L'essentiel de l'actu basket en Midi-Pyrénées

Parenthèse dans la rubrique « retour sur »: Aujourd’hui, nous allons quitter la région Midi-Pyrénées pour découvrir une histoire insolite qui s’est déroulée en Bourgogne, il y a de cela 30 ans.

Le sport se distingue en règle générale par l’accomplissement d’exploits, agrémentant un palmarès individuel ou collectif. L’athlète ou son équipe dépasse ses limites pour enregistrer des records, pour obtenir un résultat probant, ceci demandant un investissement sans faille et un entrainement adéquat.

Porté par une douce folie, un jeune Autunois s’est mis en tête d’inscrire son nom au palmarès des records du basket, il y a une trentaine d’année. Et ce de manière originale. Retour en trois actes sur les records d’Eric Marchand.

Acte 1: les 12h de dribbles

Tous les dimanches, entre 1980 et 1983, l’émission « incroyable mais vrai » présenté par Jacques Martin sur Antenne 2 rassemblait de nombreux téléspectateurs avides de voir des exploits parfois « surhumains », souvent loufoques. L’idée de participer à l’émission en proposant un record inédit germe alors dans l’esprit d’Eric Marchand. Joueur de rotation au CS Autun, en Nationale 3, il est impliqué à fond dans le basket.

J’étais le dernier de la fratrie. Petit, j’étais souvent malade, j’étais même rachitique. Malgré ces problèmes de santé, j’ai découvert le basket et ce fut une révélation. Ce sport m’a permis de sortir de ma bulle, de me réaliser. Je me suis forgé un caractère, et un physique résistant à force d’entrainements.

Feuilletant le Guinness Book, il se rend compte qu’aucun record autour du dribble n’a été enregistré. Il écrit donc à l’organisme en charge de répertorier et homologuer les records. Avec l’appui d’un huissier de justice certifiant du bon déroulement du défi, il propose de dribbler sur place 12 heures durant.

C’est ainsi qu’Eric Marchand débute ses dribbles sur place dans l’anonymat le plus complet ce samedi 3 juillet 1982 à 9 heures du matin. Situé en plein centre ville, sous le kiosque de musique le protégeant des intempéries, ses dribbles répétés commencent à attirer du monde. Au final, le nombre de badauds interloqués massés autour du kiosque a augmenté toute la journée, pour encourager l’exploit du jeune Autunois.

Celui-ci était préparé pour ce défi, avec plusieurs ballons prêts à l’usage, des straps autour des doigts pour éviter les ampoules et en étant préalablement entrainé. Ayant fait part à son employeur qu’il souhaitait tenter un record, celui-ci l’a libéré exceptionnellement la semaine précédant cette journée.

Peu après 21h, une fois les 12h réalisées, Eric Marchand est entré dans le Guinness Book des records avec 63000 dribbles dans la journée! Pour cet Autunois, ce record n’était pas une fin en soi, et il était bien décidé à repousser ses limites encore plus loin.

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Acte 2: Autun- Paris en dribblant

Bien que son nom soit inscrit au Guinness Book des records, Eric Marchand n’a qu’une ambition, c’est d’être repéré par l’émission de Jacques Martin « Incroyable mais vrai ». Et puisque les caméras ne se déplacent pas jusque dans le Morvan, c’est le morvandiau qui se rendra à Paris. Et c’est à pieds et en dribbles qu’il fera les 350 kms séparant Autun du parvis de Notre Dame à la capitale!

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Le périple démarre le vendredi 6 mai 1983 à 7h du matin sous une pluie fine. En présence de personnalités de la ville, et de Gérard Crochot qui suivra Eric Marchand en fourgonnette tout le long du parcours, le top départ est donné à la salle de l’Arquebuse, gymnase du CS Autun. Tout est planifié à l’avance, les services de la Mairie d’Autun se sont chargés d’obtenir les autorisations préalables, et ont contacté les différentes mairies des villes-étapes ainsi que les gendarmeries. A chaque étape, des kinés attendent Eric Marchand pour lui prodiguer des soins et faciliter sa récupération, alors que des hôtels lui ont réservé une chambre et un repas pour un repos bien mérité. Il en profite pour faire signer à chaque gendarmerie locale un livre d’or homologuant son parcours.

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Eric Marchand filmé au départ de son périple sur l’Avenue Charles de Gaulle à Autun

Des sponsors ont fourni quant à eux l’équipement nécessaire, entre les baskets, les chaussettes (et avec l’humidité, il en fallait un nombre important), mais aussi les ballons. Eric Marchand se souvient:

Le premier ballon utilisé était en cuir. Avec l’humidité sur la route, il s’est gorgé d’eau, et les coutures ont craqué. Suite à ça, j’ai utilisé prioritairement des ballons en plastique, dont la plupart ont fini déformés! Il est aussi arrivé que certains ballons finissent en contrebas de la route, lorsqu’il y avait un devers important.

Le garage Citroën a même fourni la fourgonnette flambant neuve avec le plein à l’accompagnateur, Gérard Crochot. Ce dernier suivait Eric Marchand à une dizaine de mètres, amenant tout le nécessaire pour que ce dernier n’ait qu’à gérer sa marche et son dribble. Il a aussi joué le rôle du « coach », poussant Eric lorsque celui-ci rencontrait quelques moments de fatigue ou de lassitude. C’est enfin lui qui gérait le timing du parcours, pour que chaque commune sollicitée comme ville-étape puisse accueillir notre jeune autunois.

Entre 40 et 50 kms par jour, pendant 10 à 11 heures, parfois sous la pluie, parfois sous un soleil de plomb, dans l’indifférence la plus totale, ou sous le regard amusé et curieux des personnes croisées ça et là. Eric Marchand fut surpris que certaines villes étapes aient organisé un accueil en fanfare. Un journaliste a également tenté de suivre Eric sur une étape en dribblant, mais il aura vite abandonné, compte tenu de la difficulté de maitriser le ballon pour un novice. Le périple est couvert principalement par la presse autunoise, et une radio locale qui relaient quotidiennement l’avancée de l’enfant du pays.

Le vendredi 13 mai 1983, c’est la huitième et dernière étape du parcours, qui relie Corbeil-Essonne au Parvis de Notre Dame, le point 0. La gendarmerie ayant été prévenue, une escorte attend Eric Marchand pour l’accompagner de la Porte Dorée à l’entrée de la capitale jusqu’à Notre Dame. Le héros du jour a ainsi pu atteindre son but sans être dérangé par les voitures, la gendarmerie lui facilitant le passage, en régulant la circulation, et en lui permettant de ne pas s’arrêter aux feux rouges!

Alors que j’arrivais au but, j’aperçus une foule démentielle, ainsi que la télévision! Mais ce n’était pas pour moi, il y avait à ce moment-là une manifestation étudiante… Aucun rapport!

FR3 couvrait la manif, et surpris par mon défi, les journalistes ont souhaité filmer mon arrivée. Comme ils n’étaient pas prêts au moment où j’avais atteint mon but, il m’ont fait refaire les 10 derniers mètres, en remontant les marches menant au parvis de Notre Dame… Ce fut un vrai supplice tellement j’étais fatigué physiquement et mentalement.

Jacques Chirac, alors Maire de Paris, m’a fait remettre par l’intermédiaire de son adjointe, la médaille d’argent Jeunesse et Sports de la ville de Paris.

De retour à Autun (en fourgonnette cette fois), Eric Marchand est honoré en Mairie par le Sénateur-Maire Marcel Lucotte, en recevant la médaille de la Ville. Malheureusement, cet exploit n’aura pas été relayé par l’émission phare de l’époque, « Incroyable mais vrai », celle-ci disparaissant de l’antenne à l’approche de l’été 1983.

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Acte 3: les 24h de tirs

Comme un air de Larry Bird

Comme un air de Larry Bird

Les 27 et 28 juin 1987, après le dribble, Eric Marchand s’est attaqué à un autre record, celui du nombre de tirs en 24h. Ce nouvel exploit s’est déroulé pendant la « glenne estivale », une fête annuelle se déroulant à la Grande Verrière, une commune proche d’Autun, afin d’avoir une large audience. Avec l’appui de nombreux amis du CS Autun, dont Ron James, Eric a shooté 24 heures durant, sur un panier monté pour l’occasion sur la place du village.

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10 minutes de repos par heure

Ses amis l’encouragent dans ce nouvel exploit et assurent les rebonds et les passes. Un éclairage spécial est prévu pour qu’il puisse continuer à shooter de nuit, et fort heureusement, le climat estival est de la partie. Une pause de 10 minutes est organisée chaque heure, pour favoriser la récupération.

Tous les 100 tirs, Eric change de spot, passant à 45°à gauche, dans l’axe, puis 45° à droite et ainsi de suite.

Néanmoins la fatigue prend le dessus, et des douleurs à l’épaule obligent Eric Marchand à tirer les derniers shoots à la cuillère.

Avec ses faux airs de Larry Bird, autre spécialiste du shoot, Eric réalise une performance incroyable: 16783 tirs marqués sur 22000 tentés, soit un pourcentage de 76,29%!

Cependant, le Guinness Book ne tiendra pas compte du record, celui-ci étant détenu par un américain ayant rentré 79,14% de ses tirs (13764 / 17392). Le nombre total de tirs tentés et marqués n’est pas pris en compte sur ces 24 heures, mais seulement le pourcentage de réussite.

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Eric Marchand n’a pas tenté d’autres records dans le cadre du basket, mais a continué de dépasser ses limites comme en attestent ses participations aux courses de grand-fond (100 kms de Millau…). Laissons la conclusion de ces aventures à Marcel Lucotte, ancien Sénateur-Maire d’Autun:

Ta performance relève de l’utopie et de l’inutile mais elle constitue un remarquable exemple de volonté et de courage dont beaucoup de jeunes devraient s’inspirer.

 

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