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Parmi les figures incontournables que l’on croise aux abords des terrains de Midi-Pyrénées chaque semaine, on retrouve une redoutable scoreuse. Debbie Hemery affole les compteurs chaque week-end avec son sens du panier, du spectacle, un shoot soyeux et une expérience du très haut niveau. Elle est l’une des personnalités marquante de notre région. Retour sur une carrière très riche, de New-York à Gimont.

Une carrière universitaire remarquable

Née sur le sol américain de parents Français, Debbie Hemery a grandi à New-York, où elle a intégré l’un des meilleurs lycées de tous les Etats-Unis, Christ The King High School. Le programme basket de cet établissement est reconnu à travers tout le pays. De grandes joueuses telles que Sue Bird en sont issues.

En parallèle de son championnat High School, Debbie dispute le championnat AAU (American Athletic Union) avec l’équipe des New-York Liberty Belles. Ce qui lui permet de représenter l’Etat de New-York l’été, et d’être repérée par les Universités les plus huppées.

Et pourtant, à sa sortie de High School, elle opte pour l’Université de George Washington University, bien moins renommée que d’autres programmes intéressés pour la recruter. Accompagnée de Darlene Sarr, avec qui elle a déjà évolué à Christ The King et aux Liberty Belles, Debbie va permettre à l’Université de la capitale américaine de prendre une autre dimension. En effet, lors de ces quatre saisons, l’université de Georges Washington, remportera deux titres de l’Atlantic 10, puis participera aux phases finales de la NCAA, jusqu’au « sweet sixteen », les 8èmes de finale.

Malheureusement, l’équipe ne se qualifiera pas pour les quarts de finale nationaux, échouant au même stade en 1994 et 1995. En 1994, c’est l’Université de South California, avec l’impressionnante Lisa Leslie, future star du basket féminin US, qui éliminera George Washington, malgré un 10/19 à trois points, dont trois paniers primés de Debbie.

L’année suivante, Isabelle Fijalkowski et Colorado State écartent au même stade de la compétition l’équipe de Debbie Hemery 77 à 61. Ce mois de mars 1995 se conclue par une défaite, malgré deux victoires de haut rang acquises précédemment. Car après avoir battu Rutgers 82-59 lors de la finale de l’Atlantic-10, George Washington rencontrait l’Université de Drake pour le compte du 2ème tour des phases finales NCAA. Menées de 17 points à 5 minutes de la fin, Debbie, auteur de 25 points, et ses coéquipières ont renversé le cours du match, pour arracher la prolongation et l’emporter 96-93.

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Le duo Hemery-Sarr

A l’issue de ces quatre années universitaires, le duo Hemery-Sarr sera nommé deux fois dans l’équipe type de l’Atlantic-10, et Debbie sera élue meilleure joueuse de cette conférence en 1995, après une saison à près de 20 points par match. Avec 1749 points marqués en carrière, Debbie Hemery sera en 95 la deuxième marqueuse de l’histoire de George Washington, derrière Darlene Sarr.

En complément de son parcours universitaire remarquable, Debbie a été sélectionnée pour les US Olympic Festival de San Antonio en 1993. Ce festival regroupe les meilleurs éléments des quatre coins des Etats-Unis, dans différentes disciplines sportives. La participation à cet événement avec l’équipe de l’Est du pays a permis à Debbie de comptabiliser quatre sélections internationales.

Mais au-delà du palmarès sportif, Debbie a laissé le souvenir d’une athlète extraordinaire, mélangeant grâce et dureté, avec des qualités techniques au-dessus de la moyenne. Son coach d’alors, Joe McKeown, déclarant au Washington Post en 1995 :

« Elle fait des choses que je n’ai jamais vu depuis 14 ou 15 ans que je coache du basket féminin. Nous avions vu lors de son arrivée qu’elle avait des qualités athlétiques incroyables. Maintenant elle les maitrise ».

Pour illustrer cette facilité technique et athlétique, le Washington Post raconte l’anecdote suivante: « Lors d’une action en première mi-temps, elle surgit de la ligne de fond jusqu’au milieu du terrain pour une interception, puis, sans ralentir, fonce au panier balle en main. Un défenseur se trouve entre elle et le panier, et afin d’éviter un passage en force, Hemery réalise un dribble entre les jambes à toute vitesse pour le dépasser et termine avec un tir à la cuillère sous le bras du défenseur. »

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George Washington University – Vainqueur de l’Atlantic-10 Conference 1995 – Debbie porte le n°23

La défaite face au Colorado State d’Isabelle Fijalkowski en 1995 marque donc la fin de la carrière universitaire de Debbie Hemery, et le début d’une nouvelle page de son histoire. Coach McKeown ne peut que regretter le départ inévitable de ses deux leaders Darlene Sarr et Debbie Hemery.

« Quoiqu’elles fassent, je suis sûr qu’elles réussiront. Et c’est ça le plus important. Ce n’est pas seulement gagner des matchs de basket. »

A la découverte des championnats européens

Alors que Debbie portait encore les couleurs de George Washington, un agent de joueurs assistait à certains matchs, et apprenant qu’elle avait des parents français, et la double culture, l’a mis en relation avec le club de Challes. Debbie n’envisageait pas spécialement de poursuivre une carrière professionnelle dans le basket à cette époque, mais elle a sauté sur l’occasion pour découvrir un autre basket.

« Je n’ai pas eu de difficultés d’adaptation, ayant grandi avec la double culture. En plus, je venais chaque année en France dans ma famille. »

Pour autant, malgré l’arrêt bosman qui entrait en vigueur, des clubs se sont opposés à ce que Debbie participe au championnat, arguant de sa nationalité américaine. Après avoir été mise sur la touche les cinq premières journées de championnat, elle obtient le feu vert de la FFBB pour jouer. Cela grâce à une réunion des présidents des clubs de NF1A provoquée par Ivan Mainini.

« Elle est née de parents français, certes partis jeunes aux Etats-Unis, a une carte d’identité française, un passeport français, son seul ‘défaut’ est d’être née à New-York, c’est à dire aux yeux de la FIBA d’avoir la ‘nationalité basket américaine’ »

Le Président de Challes, Georges Baccard, dans Maxi-Basket

Par contre, si elle peut disputer le championnat de France, elle ne pourra pas prendre part à la Coupe Ronchetti, une coupe d’Europe qui sera remportée cette saison-là par Tarbes.

Le maintien sportif sera assuré par les joueuses du coach Igor Groudine, mais le déclin du club savoyard reste inéluctable, et l’équipe disparaîtra de la NF1A pour des raisons budgétaires.

Curieuse de découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture, Debbie accepte alors une proposition du Getafe Madrid. Elle se retrouve dans l’une des meilleures équipes d’Europe, avec qui elle disputera l’Euroleague féminine. En 1997 et 1998, Madrid buttera à chaque fois sur une équipe française dans cette compétition, d’abord en quart de finales contre Valenciennes-Orchies en 1997, puis contre Bourges lors de la finale 1998.

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Malgorzata Didek, 2m13, et Debbie, avec le Getafe Madrid

Pour autant, avec des joueuses telles que Malgorzata Didek (2m13 !), la jeune Amaya Valdemoro ou encore Trise Jackson, Natalia Zassoulskaia, Heike Roth, le Getafe Madrid est redoutable, remportant deux championnats espagnols consécutifs et deux Coupes d’Espagne. Malheureusement, cette finale européenne sera le chant du cygne pour le Getafe Madrid, qui sera dissous durant l’été 1998, en raison de problèmes financiers.

Alors qu’elle est sans club, Jean-Gabriel Costes, alors président du Toulouse Launaguet Basket, promu en Ligue féminine, lui propose de rejoindre l’équipe. Pour Debbie, c’est le début d’une longue histoire avec la région Midi-Pyrénées.

En parallèle de son expérience européenne, Debbie tente de gagner sa place en WNBA, la petite sœur de la NBA en 1998 et 1999. Cette ligue professionnelle américaine fonctionne l’été, et permet aux joueuses d’évoluer dans un championnat FIBA le reste de l’année. Debbie tente sa chance auprès des New-York Liberty, des Washington Mythics et des Houston Comets, sans succès. C’est lors d’un try-out à Orlando, chez les Miracles, qu’elle est à deux doigts de décrocher une place en WNBA en 1999. Cette jeune franchise intégrant la ligue nord-américaine met à l’essai 20 joueuses, pour 12 places. Au bout d’une semaine de camp, il ne reste plus que 14 joueuses, dont deux seront coupées avant le début de la saison… Debbie fait partie des deux joueuses écartées. Elle conserve néanmoins de cette expérience un excellent souvenir, sans amertume ni regret.

Une icône toulousaine

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Debbie au TLB

Le Toulouse Launaguet Basket (TLB) retrouve l’élite française après un court passage lors de la saison 1996-1997. Bien que promu, le club de la ville rose souhaite s’ancrer à haut niveau et devenir une référence du basket féminin. Capendant, l’équipe coachée par Bernard Moronval n’échappera pas à la relégation en NF1 à la fin de la saison 1998-1999. Le TLB terminera 11ème du championnat, malgré une Debbie Hemery précieuse au scoring (10,4 pts) et à la direction du jeu. Malgré ces résultats décevants, le TLB s’est hissé en finale de la Coupe de France, perdue 92-74 face à Mondeville.

Bien que descendue en NF1 un an après avoir connu une finale d’Euroleague, Debbie décide de rester à Toulouse et d’aider le club à retrouver l’élite. Après deux saisons en deuxième division nationale (3èmes puis championnes de France), le TLB revient en force en Ligue Féminine, coaché par Agnès Borg-Wright, en accrochant une 6ème place synonyme de qualification à l’Eurocup pour la saison suivante. Debbie est toujours précieuse dans son rôle de shooteuse, avec 7 points par match, mais plus important, son expérience et sa maîtrise du jeu font d’elle le leader incontournable de la formation toulousaine.

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Le Toulouse Launaguet Basket en 2002

La saison 2003-2004 marque l’accession pour la première fois de l’histoire d’une équipe de basket toulousaine à une coupe d’Europe. Mais cet événement dans la ville rose sera contrebalancé par des résultats peu probants (maintien obtenu de justesse en LFB et 0-6 en Eurocup), et surtout la disparition du club, en proie à des soucis financiers.

Les droits sportifs du TLB sont repris par une nouvelle équipe dirigeante, créant le Toulouse Basket Club, qui repart en NF2. Mais le projet proposé n’intéresse pas Debbie. Alors qu’elle doit jongler entre sa carrière sportive et une nouvelle carrière professionnelle suite à l’ouverture du Friend’s Café, dont elle est co-gérante, Debbie cherche un projet près de Toulouse lui permettant d’œuvrer sur les deux tableaux.

C’est alors que le club de Salies du Salat se manifeste. Engagé en Nationale 2, avec l’ambition d’accéder rapidement à la NF1, le projet commingeois intéresse Debbie. L’équipe a fière allure, avec de nombreuses joueuses expérimentées, encadrées par Florence Roussel, ancienne joueuse de Mirande et plusieurs fois internationale. Le club permet à Debbie de maintenir son activité au Friend’s, et la greffe sportive prend, Salies du Salat terminant la saison 2004-2005 champion de France de NF2.

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Debbie MVP 2007, Florence Roussel coach de l’année. Trophées Basquetebol.fr

Les deux saisons suivantes confirmeront le potentiel du groupe commingeois, mené par une Debbie Hemery taille patron. Malgré l’un des plus petit budgets de la NF1, le BCSS réalisera un excellent parcours, finissant chaque fois dans le haut de tableau du championnat, et étant éliminé ces deux saisons-là par l’USVO (Valenciennes-Orchies) en coupe de France, l’une des meilleures équipes d’Europe. Debbie marquera le club de son empreinte, terminant meilleure marqueuse de NF1 en 2006 et MVP de la division.

Néanmoins, le basket féminin reste instable, et pour des raisons politiques et financières, le BCSS doit se résoudre à disparaître du haut-niveau, pour repartir en prénationale en 2007. Debbie, accompagnée de deux coéquipières du BCSS, Swanne Gauthier et Alice Sevilla, prend la direction du Temple sur Lot, dont elle avait croisé la route en NF1 les deux saisons précédentes.

Au Temple sur Lot, elle est coachée par une autre ancienne internationale passée par Mirande, Valérie Garnier, actuelle coach de Bourges et de l’Equipe de France féminine. Mais une fois de plus, le projet du Temple ne s’inscrit pas dans la durée, le club devant rendre les armes à la fin de la saison pour des raisons budgétaires. Et pourtant, les résultats sportifs étaient très convenables, et Debbie confirmait ses qualités offensives dans le dispositif mis en place par Valérie Garnier.

L’été 2008 est extrêmement agité dans le basket féminin toulousain. Les droits sportifs du Temple sur Lot en NF1 sont repris par le Toulouse Métropole Basket, association nouvellement créée suite à des dissensions au sein du bureau du TCMS. Le Toulouse Basket Club délègue quant à lui la gestion de sa section féminine (NF2) au Toulouse Basket Occitanie, association elle aussi nouvellement créée à cet effet.

Mais la Mairie de Toulouse ne l’entend pas de cette oreille, et refuse de subventionner deux clubs différents en championnat de France.

« Il était hors de question d’accompagner simultanément un club de NF1 et un autre de NF2 visant la montée. Deux clubs en NF1 à Toulouse, cela devenait une absurdité. Invivable financièrement,. […] Nous leur avons précisé que la ville était prête à soutenir un projet cohérent, un seul, et à lui accorder une subvention. Pierre Cohen, le maire, m’avait donné carte blanche en souhaitant que nous restions fermes là-dessus. TMB et TBC ont donc dû se mettre d’accord […] »

François Briançon, l’adjoint chargé des sports de la Mairie de Toulouse – Dépêche du Midi

Si le TBO intéressait Debbie, qui aurait retrouvé Jean-Gabriel Costes, l’ancien président du TLB, elle ne souhaitait pas suivre Valérie Garnier et quelques-unes de ses anciennes coéquipières du Temple au TMB en NF1. Libre de signer où bon lui semble sans contrainte de mutation, suite à l’absorption des droits sportifs du TBO par le TMB, au courant de l’été, elle décide de revenir aider le club de Salies du Salat. Malgré la descente en prénationale la saison précédente, le BCSS nourrit des ambitions de retour en championnat de France.

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De retour dans le Comminges – photo la Dépêche du Midi

Revenue dans le comminges, Debbie permet au BCSS de retrouver la NF3 en  2009, et de figurer en haut de tableau de cette division les deux années suivantes. Elle continue d’éclabousser ses adversaires de son talent offensif comme en témoignent ses 44 points inscrits face à Perpignan en octobre 2010.

Une fois de plus, la vie dans le basket féminin n’est pas un long fleuve tranquille, et Salies, en proie à des difficultés internes, va quitter à nouveau le championnat de France, pour repartir au plus bas niveau régional.

Toujours motivée pour jouer, Debbie accepte le projet du club gersois de Gimont en 2011, engagé en Nationale 2. L’arrivée à Gimont correspond aussi à un changement professionnel, Debbie revendant ses parts du Friend’s, pour devenir tout d’abord surveillante au collège de Gratentour, tout en donnant des cours d’anglais. Depuis quelques mois, elle a définitivement ancré son projet professionnel autour de l’enseignement, en donnant des cours d’anglais à l’International School of Toulouse.

Toujours d’attaque, Debbie Hemery possède le plus beau palmarès des basketteuses en Midi-Pyrénées, et son sens du scoring et du spectacle toujours intact fait d’elle une joueuse à voir jouer AB-SO-LU-MENT !

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Debbie sous le maillot de Gimont  (Photo Benjamin Bonneau)

Citations: Maxi-Basket, la Dépêche du Midi, Washington Post

Photos: La Dépêche du Midi, Benjamin Bonneau, basquetebol.fr, archives du TLB, collection personnelle de Debbie Hemery

 Parcours

<1991 Lycée Christ the King HS
1991-1995 NCAA George Washington University
1995-1996 NF1A (LFB actuelle) Challes les Eaux
1996-1998 Espagne – Euroleague Getafe Madrid
1998-1999 LFB Toulouse Launaguet Basket
1999-2002 NF1 Toulouse Launaguet Basket
2002-2004 LFB Toulouse Launaguet Basket
2004-2007 NF2 puis NF1 Salies du Salat
2007-2008 NF1 Temple sur Lot
2008-2011 Prénationale puis NF3 Salies du Salat
2011-… NF2 Gimont

Palmarès

2 titres de championne Atlantic-10
2 fois championne d’Espagne
2 Coupes d’Espagne
Finaliste de l’Euroleague 1998
Championne de France NF1 2002
Championne de France NF2 2005
MVP NF1 2007
4 sélections USA Basketball

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